Puis-je lire mes livres de collection ?
Bien sûr :  un livre est fait pour être lu et c’est lui faire offense que de le laisser éternellement fermé. Par ailleurs la lecture d’un texte ancien dans son édition du temps offre une sensation plus profonde, plus connectée à la parole que l’écrivain a voulu laisser. Mais certaines précautions s’imposent : se laver les mains au préalable car le gras ou la saleté peuvent tacher irrémédiablement le papier ou la reliure. Les gants sont inutiles car le livre besoin d’être tenu avec sécurité et le tissu est plus glissant que la peau des mains ; ne pas trop ouvrir le volume qui ne supporte pas bien d’être posé complètement à plat. Cela peut affaiblir les charnières ou les coutures du brochage ; ne pas boire son thé ou son café à proximité, les accidents sont fréquents ; éviter les ongles trop longs. Certaines peaux de reliures sont très fines et fragiles et la moindre griffure affecterait son aspect. Nous sommes tous comptables du patrimoine qui nous a été transmis et nous devons le laisser aux générations suivantes dans un état de conservation optimal.

Comment dois-je ranger mes livres et organiser ma bibliothèque ?
Depuis le moyen âge, des traités ont paru sur ce sujet épineux, sans jamais donner de solution définitive. On essaiera bien sûr de les ranger par thème ou par auteur, mais leurs dimensions souvent hétéroclites contrarient souvent l’ordre logique. Pour économiser de la place, il est bon de placer ensemble les livres de hauteur similaire. Dans tous les cas, maintenez-les bien à la verticale. Moins il y a d’espace vacant dans une bibliothèque, mois ils se déformeront et moins la poussière pourra s’y engager. Rationnalisez au maximum vos étagères et évitez les rangées doubles : ceux cachés à l’arrière seront irrémédiablement oubliés.

Comment réaliser mon propre catalogue ?
Sans vous lancer dans des rédactions trop compliquées ou trop professionnelles, vous pouvez établir un fichier de vos livres. Vous verrez qu’on y trouve un grand plaisir et que parfois cette entreprise permet de faire mieux connaissance avec ses livres. Commencez toujours vos listes par le nom de l’auteur. C’est ce qui permet les recherches ultérieures les plus rapides. Le titre peut être imparfaitement mémorisé, ainsi que la date parfois absente des pages de titre.
Décrivez ensuite sommairement le livre, avec ses qualités principales, puis notez soigneusement des indications qui ne figurent pas sur le livre et qui sont essentielles : la provenance si vous la connaissez, la date et le lieu d’achat, le prix éventuellement.  Vous pouvez vous appuyer sur les notices qui accompagnent les livres chez les libraires.

Faut-il entretenir ses livres ?
Les livres ont besoin de très peu d’entretien et moins on les manipule, moins on court le risque de les abîmer. La plupart d’entre eux n’ont besoin que de la caresse d’un plumeau. Pour les brochés, une couverture de papier cristal les protègera de la poussière et du jaunissement. Pour les reliures malencontreusement cirées par excès de zèle, un très léger nettoyage est parfois bénéfique, mais il doit se faire avec d’infinies précautions : sur une éponge pour bébé bien essorée, on met un peu de savon pour sellerie (Brecknell), avec des mouvements circulaires et d’une main très légère. Ne pas oublier de rincer ensuite une ou deux fois, toujours avec une éponge à peine humide et sans appuyer, ce qui ferait sauter les dorures. Dans tous les cas, si vous n’êtes par sûr de vous, ne faites rien, ou confiez le travail à un professionnel de la restauration. Enfin, soyez vigilant à la lumière qui peut faire passer la couleur des reliures ou jaunir le papier des couvertures. La lumière directe du soleil, et même de la lune, est particulièrement dangereuse pour les bleus et les verts. Veillez enfin à ne pas entreposer les livres dans des pièces humides, néfastes pour la conservation du papier.

Comment restaurer un livre abîmé ?
La meilleure des solutions est de confier le volume abîmé à un atelier de restauration. Tout ou presque est réparable par les grands professionnels de la spécialité, mais il faut que le livre ait une certaine valeur pécuniaire ou affective, car ces opérations sont assez onéreuses. Elles demandent beaucoup de main-d’œuvre et d’habileté et donnent des résultats remarquables. Deux écoles s’affrontent en matière de restauration : l’école d’origine plutôt germanique, qui réclame que la restauration se voie : il ne faut pas tromper le bibliophile et on doit du premier coup d’œil distinguer ce qui est d’origine et ce qui est remplacé. L’école qu’on qualifiera de française privilégie l’esthétique et tâche de rendre autant que possible la restauration invisible. Il y a en France des ateliers qui réalisent des restaurations prodigieuses sur des livres de grande qualité. Mais un libraire expérimenté sait déceler les greffons, les dorures refaites, et toute trace de manipulation postérieure à la reliure. Il sera aussi en mesure de vous donner des conseils sur la faisabilité de la restauration et de vous fournir des adresses d’artisans qualifiés.

Puis-je faire relier un livre broché ?
Là encore, deux chapelles se disputent l’orthodoxie bibliophilique. Chacun doit trancher selon ses penchants et il n’existe pas de règle absolue. Si l’on veut magnifier un livre broché, on a le choix entre la réalisation d’un étui qui peut être orné d’un dos de reliure, ainsi on ne modifie rien du volume d’origine et l’étui trouvera naturellement sa place au milieu d’autres livres reliés. Il existe des spécialistes des étuis, des plus traditionnels aux réalisations les plus modernes. Les livres brochés peuvent également être sublimés par des reliures d’art, dont vous trouverez ci-dessous quelques-exemples des plus belles réalisations contemporaines : ces artisans exposent régulièrement  au Salon du livre rare, organisé tous les ans pour le SLAM.  Là encore, votre libraire reste le meilleur référent pour vous guider dans vos décisions.

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