Nous vous présentons la librairie généraliste de Sylvaine et Yvan Noirot : « Bois d'Encre », proposant des ouvrages anciens et modernes toutes thématiques. Dans cet entretien, Yvan évoque le parcours qui les a amenés à exercer leur métier. 
LES DEBUTS
Notre rapport au livre s'est constitué de manière différente, Sylvaine et moi. Des études littéraires pour elle, recherche universitaire, formation de bibliothécaire et de documentaliste. Pour ma part, mes études d'histoire de l'art à l’École du Louvre m'ont amené à fréquenter les librairies, dans lesquelles j'ai beaucoup chiné, accumulant une importante quantité de livres dans ma chambre de bonne. Quand nous nous sommes rencontrés, nous travaillions tous deux dans des musées, Sylvaine à Rouen, moi à Paris. Nos contrats étaient fragiles et l'ouverture d'une librairie s'imposait peu à peu.
UNE LIBRAIRIE ITINÉRANTE
En 1997 à Rouen, nous avons créé « Le Rêve de l'Escalier », bouquinerie qui a fonctionné dès le premier jour jusqu'à notre départ, dix ans plus tard. L'expérience fut passionnante, très dense, mais nous ressentions le besoin de décélérer en nous mettant au vert. En 2007, notre installation dans l'Orne répondait à cet autre rythme et entraînait  la création d'une nouvelle enseigne, « Bois d'Encre », sans boutique cette fois. Nous avons commencé une activité sur Internet pendant une paire d'années, puis avons décidé de participer à un premier salon au Havre. Réussie, cette session a été le moteur d'une autre orientation : le travail sur les marchés mensuels et salons, en région ou à Paris. Notre librairie devenait nomade...
Aujourd'hui, en dehors de quelques salons provinciaux, nous participons essentiellement aux manifestations  parisiennes. Depuis le début de la pandémie, la plupart d'entre elles étant annulées, nous avons coopéré  largement aux rendez-vous virtuels du SLAM et renoué avec la vente en ligne par le biais du site professionnel LIVRE-RARE-BOOK, dont nous partageons l'éthique.
UN ARTISANAT DU LIVRE AU SERVICE DU PUBLIC
Nous nous considérons comme des artisans du livre. Quel qu'il soit, Poche ou ouvrage bibliophilique, nous cherchons à le mettre en valeur : dépoussiérage, nettoyage, réparation des déchirures ou des manques, dos recollés, cuirs nourris ou reteintés, percalines à plats historiés ou papiers à la cuve restaurés… Nous envisageons le travail sous cet angle depuis 25 ans, dans la limite de ce que l'on sait faire, au fil de nos propres expérimentations, de nos échanges avec les relieuses et les relieurs que nous connaissons.
Présenter à nos clients des livres sous leur meilleur jour, faire en sorte qu'ils trouvent ce qu'ils recherchent à un prix raisonnable, établir un lien durable, échanger avec eux, apprendre d'eux, capter et fidéliser les plus jeunes… voilà notre propos. Le rapport humain, la transmission nous semblent fondamentaux et donnent du sens à notre métier.
DES OUVRAGES ENRICHISSANTS, DE BELLES HISTOIRES
Notre goût de la lecture nous porte plus vers le texte ou les livres contemporains. Nous sommes de la génération du livre de poche, davantage attirés par l’œuvre elle-même que par l'objet-livre. Notre souvenir d'achat de bibliothèque le plus marquant concerne celle de l'éditeur François Maspero, riche de ses livres personnels ou de travail, truffés d'envois d'écrivains, de personnalités ou d'anonymes. L'histoire qu'elle racontait et l'émotion provoquée par les dédicaces sur notre clientèle nous ont touchés.
Nous sommes cependant sensibles au plaisir visuel d'une jolie reliure ou de livres superbement illustrés. Depuis quelques années, nous nous tournons vers des ouvrages plus soutenus en gamme. L'achat d'une partie de la bibliothèque des relieurs Georges Cretté et Alain Lobstein nous a entraîné à rechercher de belles pièces.
A titre d'exemples, nous proposons actuellement à la vente l'édition originale, numérotée et signée, d' »Oxy-Génération », un texte inédit de l'éditeur d'art et célèbre graveur Georges Visat illustré des eaux-fortes originales du peintre Julius Baltazar, brillamment reliée par Julie Strube, avec un décor imprégné de  typographie, lettrage, graphisme, ses domaines de prédilection, ainsi qu'une édition de luxe en tirage de tête du roman « Dingo » d'Octave Mirbeau, sur papier Japon de Shidzuoka, comportant les eaux-fortes de Pierre Bonnard, publiée chez Ambroise Vollard en 1924.

Entretien mené par Romane Fraysse
Visuels de Camille Pradel de Lamaze

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