Adhérent récent au SLAM, Mathieu Salzgeber vient de s’installer dans le sud-ouest. Il nous dévoile sa passion pour les livres et son itinéraire qui l’ont conduit à ouvrir une librairie d’abord virtuelle et aujourd’hui physique dans la jolie ville de Périgueux.
Amoureux des livres.
S’il m’est permis, il me faudrait évoquer, en préambule et comme une confession, le rapport que j’entretiens à l’égard du livre. Car voilà que je lui voue une véritable dévotion. Une indubitable dévotion. Ce support constituant à mes yeux le plus vertigineux reflet, le plus inexhaustible témoignage de tout ce que l’esprit humain a depuis trouvé toujours à produire comme à figurer. De fait, qui mieux que le livre pour offrir une perpétuelle autant qu’étourdissante confrontation à l’infini ?

Devenir libraire.
Fort de ces considérations, devenir un jour libraire constituait depuis mon plus jeune âge, pour sûr, un ardent dessein. Une évidence que je ne pensais cependant pas pouvoir rendre un jour concrète. Pourtant…Un fait marquant, a postériori déterminant, m’a permis de tutoyer cet idéal : le franchissement du seuil de la librairie Walden. Après avoir timidement proposé mes services au maître des lieux, voilà que, quelques semaines plus tard, j’œuvrais là en qualité de commis. Privilège. Bénédiction. Mais pour l’épanouissement puisse être total, a fini par s’imposer l’intention d’établir ma propre librairie. Dont l’acte de naissance remonte à une quinzaine d’année.
Passeur de livres.
Depuis lors, ces bookins, livres, ouvrages, ce qu’ils renferment, ce qui les revêt, c’est avec une ferveur jamais démentie que je m’attache à les exhumer. Les valoriser. Les transmettre. Tel est le trépied sur lequel repose mon action à leur égard. En premier lieu donc, les extirper du néant dans lequel ils se trouvent souvent plongés puisque, pour beaucoup, tragiquement délaissés, oubliés, dédaignés. Puis mise en valeur au travers de la rédaction de notices, ainsi que la détermination de tous ces éléments pouvant conférer à l’exemplaire détenu un caractère singulier, voire unique. Définition-non, essence même-du métier de libraire. Avec, en filigrane, l’exaltation que me procure le fait de ne jamais posséder que de manière éphémère. Pour finir par faire passer. Me permettant ainsi d’acquérir, à défaut encore, un autre, des autres. 
Insatiable quête visant à découvrir toujours davantage, sur fond de ravissement que la chose transmise suscite alors auprès de nouveau détenteur plaisir. Allégresse même. Envahi de la pénétrante certitude qu’une vie seule ne me suffira pas à en mettre à nu tous les méandres, à en déflorer tous les aspects, à en percer tous les mystères.
Un choix éclectique.
Je me suis toujours refusé à forger à ma librairie une identité au travers d’une spécialité, par trop réductrice à mes yeux. Car curieux de tout-ou presque-les ouvrages que je propose à la vente couvrent donc tous les champs du savoir ; comme de toutes les époques. Pas de critères préétablis, mais il est tout de même à noter que je témoigne d’une affection marquée pour les ouvrages anciens ainsi que ceux pouvant revêtir, pour une raison ou une autre, un caractère original singulier. Sur fond de considérations esthétiques aussi. Certes éminemment alors subjectives. Mais je peux difficilement résister-à hauteur de mes moyens- à ce qui viendrait à m’apparaître, délicat, gracieux, élégant. A oui, et puis il y a bien sûr aussi la veine de tous ces Décadents fin-de-siècle. 
Plutôt que d’évoquer mes dernières acquisitions, celle-ci ou plutôt cette autre, ce qui m’importe par-dessus tout, c’est celle que je n’ai pas encore acquise. Seul le prochain livre ne peut être paré des plus foudroyants atours. Forcément. Celui-là même et celui-là seul, saura alors me procurer surprise, émotion, enthousiasme, appétence, ivresse, exaltation, frénésie, désir.
S’installer dans ses murs
Après une intense période de travaux, l’installation périgourdine est devenue effective depuis quelques mois. Car oui, depuis toujours virtuelle, voilà que mon activité s’est muée en librairie physique. Work in progress. Cette aspiration nouvelle s’est donc concrétisée. Mes livres sont sortis de leur bien indigne réclusion à laquelle ils se trouvaient malgré eux contraints, je veux à présent que chacun connaisse un nouvel éclat, trouve à s’épanouir autrement. 

Librairie Babel
Mathieu Salzgeber
3, rue André Saigne
24000 Périgueux

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